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Emmaüs St. Marcel : Hic sunt neglectis

J’ai rencontré les compagnons de la communauté St. Marcel pour la première fois en 2009 à Noël. C'est une période où le sentiment d’exclusion vécu par les compagnons est exacerbé, ils sont loin de leurs proches, de leurs familles, de ceux qu’ils aiment. La solitude est tangible malgré la vie en communauté, même s’ils sont d’une confession non catholique. A cette occasion j’ai réalisé des portraits en Noir & Blanc à la chambre 4x5 inch sur leur lieu de travail. Je ai réalisé après avoir édité ce travail que la photographie N&B replongeait les compagnons dans une vision nostalgique, passéiste et les enfermait dans un temps révolu sans prise directe avec le présent. Je ne voulais pas faire une photographie sociale et par là-même limiter ces personnes à leur condition de compagnon.

Ce qui m’intéressait avant tout c’était l’aventure humaine, me faire accepter comme photographe au sein de la communauté et tenter d’avoir une relation de confiance avec eux, une relation où autre chose était possible. C’est pourquoi j’ai décidé les années suivantes de travailler en couleur. De les photographier, pas pour recueillir leur portrait, mais pour leur offrir un espace, un moment à travers lequel ils pouvaient prendre du recul sur leur condition de compagnons d’Emmaus.

Les meubles et objets qui m’ont servis à créer les mises en scènes sont tous récupérés, vendus, stockés, ou utilisés par les compagnons.
Les personnes qui ont posé sur ces photographies sont tous des compagnons.

Les images gravitent donc entièrement autours de l’univers d’Emmaüs St. Marcel, et peuvent nous renseigner sur la communauté, la qualité, la diversité du mobilier et des objets que les compagnons récupèrent autant pour leur usage personnel que pour les revendre.

Mais je crée les mise-en-scène, En ce sens, les photographies sont fictives, nées de mon expérience et de ces neuf ans d’échanges avec les compagnons. La fiction que je vous présente n’est pas un moyen d’échapper à la réalité, mais au contraire de proposer une vision de l’esprit aussi bien le mien que le leur. C’est le moyen de condenser ces années passés avec eux, de raconter de manière onirique ou allégorique les problèmes auxquels ils font face au quotidien mais également de montrer leurs aspirations et leurs espoirs.

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